EGLI

Et bien voilà, comment me suis-je retrouvé dans la Manche, sur un bateau de pêche ancien (réplique exacte), quittée il y a six ans et que j'avais habité 20 ans ?

Tout cela à cause ou plutôt grâce à la fameuse Coupe Kawasaki Moto Revue !

Jétais arrivé en 1972 à pas mal de déboires indépendants de ma volonté mais les temps et les possibilités entrevus pendant cette saison laissaient augurer d'une future saison prometteuse

J'avais acheté cette moto, monocylindre 2 temps de 250 cc à allumage électronique, carbu à deux aiguilles et deux gicleurs. Le racer du pauvre était très efficace en course de côte et en critérium (avec silencieux) ou coupe des 4 saisons et qui permettait aussi de s'engager aussi mais sans grand espoir en courses nationales ou davantage en endurance. D'ailleurs elle gagna le Bol d'Or dans sa catégorie.

La mienne avait été championne en 1971 aux mains de Hugues Pham, et avec elle j'eu le record à Magny Cours en 1 ' 58 " 4. dans cette catégorie j'y avais rencontré, entre autres,  pendant toute la saison Patrick Pons sur sa Kawasaki S1 de la SIDEM (on y reviendra)  et parfois William Gougy : l'un allait gagner à l'arraché la Coupe Kawasaki seconde édition sur sa S2, l'autre les 750 cc sport Critérium sur une Kawasaki  H2, un autre mythe.

Curieusement aucun d'eux ne fit de vraies étincelles dans ma catégorie, même s'ils participaient à de jolis "bastons"...trop lourd pour Willy qui ne faisait que de rares apparition au gré des prêts, et pas assez calculateur pour Patrick qui usait trop ses freins. Même "bidouillée" (interdit !), la S1 ne valait pas une "Spèque" standard comme la mienne.

A la fin de la saison, un ami eu de gros problèmes d'argent et je l'aidais en vendant cet outil fabuleux qu'était une SPQ Ossa de 95 kg. Comme le remboursement venait à tarder (il ne vint jamais) je me rabattis in extrémis au début 1973 sur la Coupe Kawasaki, 3ème édition, sur une saloperie achetée d'occasion alors que je ne pus m'offrir une neuve chez Donguy qui me faisait des facilités et promettait sa préparation.

J'ai compris mon erreur dès la première course à Monthléry où je me fis passer avec 30 km de mieux dans la trop longue ligne droite avant la "cuvette".

Il faut imaginer ce qu'est un départ de furieux de Coupe Kawasaki, certains avec des "avions de chasse" et dans lequel vous êtes englué avec un "tréteau" de même type et marque et dont le défaut majeur est le manque de frein au bout de trois tours.

La mienne avait en plus la bonne idée de couper son cylindre gauche au raccordement du MANS puis de rallumer brutalement au bout de 50 mètres, assez rodéo comme effet !

D'où des situations dangereuses qui me paraissent cocasses maintenant.

Donc je fis la "Coupe Kawa" de 1973, gagnée par mon Ami Jean-Claude Meilland, où je rencontrais Michel Balloche, pilote officiel Motobécane en GP 125.

Plus tard il s'occupa de la sécurité des déplacements élyséens...si si !

Bien des années plus tard, Yves Evrard, fonda le club "les Amis de la Coupe" rendit hommage à cette aventure d'où sortit de grands champion moto.

Il avait été du cru 1975 avec Eric Saul son copain, et bein entendu je fis partie des premiers membres, étant moi-même président du VOC France (Vincent)

C'est là qu'Yves eu cette idée de fêter les 10 ans du club, en louant la bisquine de Granville et en y invitant les amis, les proches et certaines figures de la Coupe Kawasaki. Marin à ses heures et habitant non loin de Saint Malô, toujours en quête de bonnes idées, il nous offrit ce merveilleux cadeau.

le merveilleux Yves Evrard, aux cheveux blancs-gris frisés

Me voilà donc insrit par Yves dès 2008, promettant de venir ...Donc je vins ce 6 juin 2009 avec la Suzuki 650 DL V Strom, afin de m'amuser, et de parfaire la prise en main.

Prétexte car une V strom ça se prend en main en 20 km maxi !

Mon frère, qui devient fou à l'approche d'un port, à la vue d'un voilier me tana pour que je l'emmène même si le fait de rester à quai faute de place lui pendait au nez.

Je lui devais bien ça, lui qui m'offrit ma première moto en 1967 (une Pannonia 250 poussive d'occasion assez grosse, qui me créa de très beaux souvenirs). Donc en route avec le frangin et son Canon argentique qui voulait prendre des photos de tout

Voyage dans la fraîcheur, avec pas mal de portions droites, ce qui me change de mon Auvergne, mais je ne prends jamais les autoroutes avec les motos.

 Assez de km pour me rendre compte que le duo chargé va bien à la "chouette", qu'elle éclaire bien de nuit, et que le voisinage du Mont Saint Michel c'est loin : 650 km

Le port de Granville, c'est beau et un peu austère en raison de la pierre utilisée.

La Bisquine attend là

le port de Granville et mon frère sur un ponton

qu'est-ce qu'une bisquine ?

C'est un bateau de pêche ancien qui servait à la pêche à la coquille St Jacques, l'huitre sauvage, ou pour la ligne, portant pas mal de "toile" et donc rapide.

On dit que ce sont des voiliers qui portent le plus important grément

Il y en avait deux sortes qui se ressemblaient : celle de Granville et celle de Cancale, attisant les rivalités normandes et bretonnes.

D'ailleurs les meilleurs équipages s'affrontaient en régates annuelles qui avaient pour prix une valeur d'à peu près une année de pêche, d'où la motivation importante de ceux-ci.

Cette tradition perdure de nos jours pour les deux répliques, qui s'affrontent chaque année : on dit la Cancalaise meilleure par bon vent et la Granvillaise par temps calme.

la Bisquine Granvillaise au mouillage devant Chausey

Il n'y a pas de bisquine d'époque, ce sont deux répliques, la normande ayant été faite à Saint Vast la Hougue, près de laquelle j'habitais durant 20 ans, elle sortait juste de chantier pour réparation car elle fut attaquée par un champignon : la mérule qui n'aime pas l'eau salée mais prospère en milieu humide d'eau douce (suite à une erreur d'appréciation)

C'est donc une association qui gère le bateau, qui est manoeuvré par deux professionnels aidés par deux amateurs passionnés, mais il faudra que les passagers deviennent équipage car ça ne se manoeuvre pas comme ça !

mon frère et un amateur de l'association, à la barre

Il faut monter les vergues, sortir le bout-dehors, hisser les voiles etc... et on obéit au doigt et à l'oeil , toute initiative personnelle étant à proscrire

oui c'est physique parfois

Le temps était plus que calme dans cette baie souvent ventée, et donc le trajet assez tranquille, reposant, plus qu'agréable, donnant une impression de grande sérénité.

L'importateur de l'époque fondateur de la SIDEM, Xavier Maugendre, était avec nous bien que convalescent, et nous pûmes entendre nombres de jolies anecdotes et apprendre pas mal de choses tout en partageant un magnifique casse-croute et le champagne de cet anniversaire

Puis navigation dans les piègeux ilôts qui entourent Chausey, et débarquement en Zodiac pour une promenade à terre où il faut respecter notre environnement fragile

joli soleil par étape, avec une impression de paix

le retour nous revit à la manoeuvre, vent presqu'imperceptible mai la bisquine fend le flot, et dépasse nombre de bateau moderne, vraiment étonnant

Après un passage d'honneur devant une villa de Grandville pour le mariage des enfants d'un ami, rentrée au port sous un fort grain de pluie, suivi de trombes d'eau orageuses

rentrés trempés à l'hôtel

le lendemain par beau temps nuageux mais ensoleillé visite de la maison de Christian Dior et des ses jardins qui dominent une partie de Granville et de sa baie

une expo y avait pris place, jolie photos en noir et blanc.

buste de C Dior :

les jardins :

retour sous pas mal d'ondées et de vent, entre-coupés de soleil, toujours avec la bulle d'origine que je changerai, mais qui me permit de constater le bon comportement du navire et de l'équipage sous mauvais temps !

retour : La DL à Alençon à côté d'une 404 break.

merci à Yves pour cette magnifique idée d'où sortira un DVD et je conseille celle-ci

pour tout événement sympa...il y a deux bisquines en service...à vous de voir